« Nos vies sont politiques ! » L’afroféminisme en France ou la riposte des petites-filles de l’Empire

Dossier : La participation buissonnière
Par Silyane Larcher
Français

Dans quelle mesure des épreuves morales et affectives accumulées dans des trajectoires de vie individuelles peuvent-elles constituer le support d’une constellation d’activités collectives diverses autorisant la construction d’une forme légitime de participation politique ? C’est ce que donne à penser l’expérience afroféministe telle qu’elle s’exprime et se déploie en France de manière protéiforme depuis quelques années dans des espaces variés et hétérogènes, qu’ils soient privés, semi-publics ou publics. Fondé sur la requalification du vécu intime subjectif en épreuve commune soumise à une réflexivité critique construite collectivement, l’afroféminisme s’apparente à une politique du sensible. Basé sur l’attention fine à la polymorphie des expressions politiques afroféministes, aux discours des militantes, et en particulier à l’étude du récit de vie d’une des fondatrices du principal collectif afroféministe français, Mwasi, le présent article vient aussi nuancer et complexifier les analyses courantes de la dépolitisation ou démobilisation politique des classes populaires. Il montre combien, à l’écart des acceptions partisanes ou conventionnelles, la politique conserve pour les dominées, à bien des égards, sa part d’imagination politique émancipatrice, avec pour enjeu essentiel : l’institution jamais acquise de l’égalité dans les rapports sociaux.

Mots-clés

  • afroféminisme
  • intersectionnalité
  • trajectoires
  • affects
  • discriminations
  • subjectivation politique
  • participation
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