Se mobiliser pour l’eau potable : une forme de régulation civique ?

Dossier : La démocratie des territoires de l’eau
Par Cécile Tindon, Rémi Barbier
Français

Au début des années 1990, l’eau potable est (re)devenue un objet d’attention publique. Un nouveau cadre réglementaire et institutionnel remodela les relations entre élus, opérateurs privés, services de l’État et usagers du service. Des associations se constituèrent également, formant des publics au sens de Dewey, c’est-à-dire des ensembles d’individus affectés par un problème et s’engageant dans une « enquête sociale » à son propos. Leur activité prit la forme de ce que nous qualifierons de régulation civique organisée : des interventions visant à mettre le service et ses acteurs sous surveillance afin de détecter et corriger d’éventuels manquements. Mobilisant les résultats d’une enquête conduite sur deux terrains principaux, le Rhône et l’Orléanais, l’article revient tout d’abord sur la trajectoire d’engagement des militants de l’eau, et distingue deux trajectoires idéales-typiques, l’une à dominante politique et militante, l’autre à dominante associative et gestionnaire. Il éclaire ensuite les dynamiques de constitution des associations et de leurs coordinations, puis caractérise la nature de leur activité autour d’un triptyque : la mise en politique de l’eau, en assumant une dimension de conflictualisation ; l’exercice d’une vigilance compétente qui se traduit par un suivi minutieux de toutes les activités des services ; la résolution de cas problématiques portés à leur connaissance. Enfin, l’article éclaire les tensions et fragilités de cette régulation civique, susceptibles de questionner à long terme sa pérennité.

Mots-clés

  • eau potable
  • association
  • contre-démocratie
  • bien commun
  • vigilance
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