La fabrique de l’électorat. Pour une praxiographie de la participation politique au Cameroun
Cet article explore la fabrique de l’électorat en tant qu’entité politique et figure de souveraineté au sein des sociétés contemporaines. Il s’intéresse aux pratiques des street level bureaucrats que sont les agent·es d’Élections Cameroon (Elecam) et examine les conditions sociotechniques de l’enregistrement de l’électorat sur les registres de vote biométriques et leur impact sur l’accès au droit de vote. L’analyse repose sur des données recueillies lors d’une enquête réalisée entre 2021 et 2024 à la Direction Générale des Élections (DGE) ainsi qu’au niveau de ses bureaux locaux dans la ville de Soa et à Nkolmesseng (arrondissement de Yaoundé). D’un point de vue théorique, l’enquête s’appuie sur les recherches portant sur les bureaucraties publiques afin d’analyser comment ces agent·es négocient et improvisent dans un environnement caractérisé par un manque de ressources et d’infrastructures. Cela permet de nuancer les théories sur la corruption généralisée et l’inertie des fonctionnaires, souvent avancées dans une certaine littérature. L’analyse montre que l’électorat n’est pas simplement une entité légale, mais résulte d’un ensemble de facteurs sociotechniques, incluant la bureaucratie, les infrastructures technologiques, les normes, les pratiques, les ressources et le contexte sociopolitique. Elle met également en lumière les implications de l’engagement de ces agent·es envers l’idéal du Leave No One Behind (LNOB), les positionnant ainsi comme de véritables faiseurs et faiseuses de l’électorat.
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