Des urnes aux ronds-points, et retour : motifs, limites et effets de la participation politique des Gilets jaunes
Cet article contribue aux recherches portant sur la participation politique ordinaire. À travers le cas des Gilets jaunes, il éclaire les rapports entre démocratie représentative, directe ou participative, et en particulier les effets de la participation contestataire sur le rapport au politique, notamment le système électoral, et réciproquement. Grâce à une approche surtout compréhensive s’appuyant sur une quinzaine d’entretiens, nous mettons d’abord en évidence qu’un attachement contrarié électoralement à la représentation politique a contribué à l’orientation citoyenniste, soucieuse de reconnaissance des fruits du travail et de contrôle des élu∙es, de la contestation. En retour, cette contestation progressivement empêchée a catalysé un repli vers les urnes, voire poussé à s’y opposer, en plein ou en creux, aux mêmes adversaires politiques, sans empêcher de nouvelles protestations dans la rue. La participation politique est ainsi analysée « par le bas », dans la multiplicité et l’articulation de ses formes, qui ne peuvent pleinement se saisir qu’en tant que jalons initiant et résultant des processus de politisation.
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